Maintenant, dans la culture contemporaine, l’Esprit Saint est à l’œuvre.
« L’heure vient - et c'est maintenant - où les véritables adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, car tels sont les adorateurs que cherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui adorent, c'est en esprit et en vérité qu'ils doivent adorer » dit Jésus à la Samaritaine. Et le Bienheureux Jean-Paul II l’écrivait aux artistes : « L'Esprit est le mystérieux artiste de l'univers…/…toute inspiration authentique renferme en elle-même quelque frémissement de ce «souffle» dont l'Esprit créateur remplissait dès les origines l'œuvre de la création. » Fin de citation. Mais pourquoi nous est-il si difficile de discerner l’Esprit saint à l’œuvre dans la création contemporaine ?
Evidemment, Dieu se laisse plus facilement identifier dans son Eglise qui est templede l’Esprit. De nombreux repères en marquent l’identité. Le temple est visible : symboles, chants, rites et images et parfois slogans permettent de le distinguer clairement. Mais Dieu l’Esprit Saint ne s’y laisse pas enfermer. Aucun temple, ni aucune définition n’emprisonne Dieu qui est esprit. Dans l’histoire du salut, le Saint Esprit se manifeste sous des figures qui toujours échappent : le feu, l’étreindre c’est l’éteindre ; l’eau vive et vivifiante ; le vent qui souffle où il veut ; et même un animal : la colombe si farouche ! Autant de figures évanescentes, toujours insaisissables… à moins de vouloir mettre la colombe en cage.
Eh bien, c’est ce souffle de l’Esprit créateur que nous cherchons dans l’art. Non parce que l’art le détiendrait –on ne peut faire de l’Esprit un détenu - mais parce que l’art nous offre la possibilité d’en éprouver de subtils frémissements. A l’insu. A notre insu et à l’insu des artistes, même de ceux qui l’invoquent. On aimerait savoir ! Retrouver de rassurants repères, des signes distinctifs : figures identifiables, références explicites, Mais le savoir encombre si souvent la grâce.
Il nous est difficile de discerner l’Esprit saint à l’œuvre dans la culture contemporaine parce qu’il requiert à la fois un effort de vérité et l’engagement croyant de notre propre subjectivité sensible. Comme un artiste chacun de nous doit travailler « sans filet ». Chacun est appelé à vivre cette expérience émouvante pour la pensée : éprouver les frémissements du souffle créateur au cœur de l’expérience esthétique, toujours à libérer des critères, des balises et des repères officiels… « Dieu est esprit, et ceux qui adorent, c'est en esprit et en vérité qu'ils doivent adorer. »
* Pierre Buraglio, La sainte Victoire, d'après Matisse.