Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 juillet 2012 4 12 /07 /juillet /2012 17:30

Shinro--Ohtake--Mon-cheri--a-self-portrait-as-a-scrapped-s.JPGN’y aurait-il à Cassel que « l'Internationale des révoltes et des luttes » face à Venise ? Trop simple. Ceal Floyer témoigne qu’on peut exposer dans les deux manifestations. Et d’autres grands noms l’accompagnent. Rosemarie Trockel, William Kentridge, Giuseppe Pennone, Pierre Huyghes, Kader Attia… y compris des non-artistes, biologistes, physiciens… ainsi que des artistes disparus comme Salvador Dalí. En revanche on trouve bien dans cette dOCUMENTA (13) une solide résistance au capitalisme mondialisé, sous la direction artistique de Carolyn Christov-Bakargiev. Bannis le kitsch, les jolis objets décoratifs, l’érotisme trash ou la provocation facile. Ouf !
Carolyn Christov-Bakargiev se situe dans la continuité de la Documenta11, très engagée, dirigée par Okwui Enwezor - commissaire de l'actuelle Triennale de Paris. Et il est éclairant de rapprocher les deux expositions.
Revenons au centre. Ce que Carolyn Christov-Bakargiev appelle « le cerveau » de l’exposition. Je rentre dans la salle semi circulaire et j’observe les nombreux objets un par un, céramiques, photographies, documents écrits et même un Smartphone. Le contraste immédiat et violent de cet hétéroclite rassemblement d’objets avec les espaces vides précédents interroge. Selon quatre pistes :
1. Un des objets exposés m’a beaucoup touché. Retiré du Musée National de Beyrouth, autrefois situé sur la ligne de front durant la guerre civile, il est constitué de deux objets archéologiques fusionnés par l’embrasement des bombardements. On pense aux Bouddhas de Bamiyan en Afghanistan ou aux mausolées de Tombouctou démolis par la fureur d’extrémistes. La destruction "du patrimoine culturel" vibre au cœur de dOCUMENTA (13).
2. Cependant, beaucoup de travaux didactiques et documentaires, beaucoup d'archives et de vitrines de documents présentés comme des œuvres lassent ! Il faudrait une journée d’étude et de lectures pour apercevoir un début de signification. A l’inverse on saisit en une minute l’idée illustrée par certaines œuvres émouvantes mais qui n’ont plus qu’une fonction de tract. Quelle dichotomie entre matière et pensée ! Le propre de l’art est justement d’allier pensée, songe et esprit à l’œuvre dans une poétique de la matière. Gaston Bachelard a su aiguiller la pensée sur ces chemins. On y éprouve un plaisir esthétique.Farmer-Geoffrey--Leaves-of-grass--2012--Life-magazines--193.JPG
3: Le plaisir, parlons-en. Un gigantesque parc de Cassel, accueille une quarantaine d'installations dispersées le long des chemins selon une longue tradition associant statues et parcs. Là, une installation de Shinro Ohtake me rappelle que la mondialisation c’est aussi celle des migrants. Plus loin, des dizaines de dessins réalisés par des artistes vietnamiens, des méchants Viêt-Cong communistes, accompagnées d’une vidéo où dessin animé et film se fondent l’un dans l’autre comme la réalité et l’art. Ils datent de 1962-65, en pleine guerre contre l’occupation états-unienne.
4. Savoirs et expériences (esthétiques et existentielles) constituent ensemble la connaissance par sapience : la sagesse. On pense à la vocation du Collège des Bernardins, « être un lieu de rencontres et de dialogue ouvert à tous, un lieu de formation et un lieu où la sagesse chrétienne, avec les sciences humaines et les arts, se met au service de l’homme. »
(à suivre)
Shinro  Ohtake, Mon chéri, a self portrait as a scrapped shed, 2012
** Geoffrey Farmer, Leaves of grass, 2012, Life magazines (1935-85), tall grass, wood, glue 

Partager cet article
Repost0

commentaires