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16 juillet 2012 1 16 /07 /juillet /2012 11:10

2.493.JPGLes Demeures ? Dans l’enceinte d’un monastère, une installation en sept temps intitulés : Sommeil, Porte, Repas, Livre, Mort, Travail, Combat. Performances et installations vidéo et/ou sonores, occupent six lieux, dont trois modules cubiques d’environ trois mètres sur trois, entourés de voilage translucide blanc, noir ou rouge où le vent s’invite librement. Des rideaux coulissants rouge-noir en complètent un qui reçoit deux performances sur un damier irrégulièrement tricolore et centré. Trois autres aménagent chapelle, portail et parloir vitré in situ. Au total, sept événements répétés par intermittence sur un territoire à parcourir avec une clé étiquetée au nom d’une personne ou d’un lieu que vous aimez. On vous l’a remise à l’entrée avec une proposition de parcours. On vous la redemande à la Porte pour l’intégrer à l’œuvre. Signée Fabien Meisnerowski.
La qualité du lieu n’est pas anodine : un Carmel blotti au cœur de la forêt de Saint-Sever-Calvados sur des traces séculaires de vie contemplative. Le silence, rappelé à l’entrée et sur un cartel, induit un type de comportement et met en relief les enregistrements sonores, bruitages et paroles, ainsi qu’un superbe accompagnement de percussions interprété en live.
1.520.JPGLe parcours libre et donc singulier qui vous est proposé affronte d’emblée un portail. Il faudra en franchir la tenture au labyrinthe centré. Entièrement constitué de tissus écrus cousus, il évoque à la fois les kilomètres de couture nécessaire à sa réalisation, un temps d’une autre nature que notre quotidien, la légende païenne du Minotaure à l’image de nos combats mortifères avec les monstres intérieurs, ainsi qu'une figure du pélerinage gravée au sol de quelques cathédrales. Votre déambulation  inscrit une démarche sans succession nécessaire, mais quasi labyrinthique. La Mort n’en est pas nécessairement l’étape ultime : elle peut intervenir à n’importe quel moment. Comme dans la vie, celle d'un être cher. Une durée globale proche de deux heures découle de la distance parcourue et de la durée de chaque événement. Certains plus narratifs requièrent une attention du début jusqu’à la fin, d’autres peuvent n’être perçus que quelques minutes. Des performances, parfois trop explicites, on retiendra Combat et Mort dont la beauté formelle marque profondément la mémoire et donne d’approcher au plus près la quête spirituelle d’une sensibilité créatrice : celle de Fabien Meisnerowski. Budget serré, fabrication artisanale : rien de superflu. On est à l’essentiel. Hétérogénéité et fragmentation troublent l’unité de l’œuvre en même temps qu’elles en font la richesse.7.456.JPG

Ces moments choisis dans la vie de l’Homme accordent harmonieusement espace et intériorité comme le suggère à la fois le livre des Demeures de Thérèse d’Avila, réformatrice du Carmel, et le nom d’une personne ou d’un lieu aimé inscrit sur la clé. Ainsi, les qualités esthétiques de cette œuvre plastique spectaculaire paraissent gorgées de ses qualités éthiques. Elle met en synergie la bienveillance d’une communauté religieuse, la créativité d’un artiste attachant, la générosité d’une cinquantaine de bénévoles et les talents d’amis fraternels, en particulier celui de trois autres créateurs : Colette Landry (chorégraphies), Jean-Pierre Labbé (accompagnements sonores) et Emmanuel Langlois (vidéo). Au plus près de cette vie et de ce chemin majuscules sur qui tous ici semblent centrer leur vie : Jésus-Christ. En quête du sens ultime, l’œuvre révèle une hymne à l’amitié, à la générosité : il fallait y croire ! Il fallait de la foi. Une foi sans équivoque, qui a rendu grâce dans l’Eucharistie dominicale à l’Ami blessé et ressuscité, l’unique Créateur.
C'étaient les 14 et 15 juillet 2012. 

Fabien Meisnerowski, né en 1970, ancien de l’I.A.S Paris (Institut des Arts sacrés devenu Institut Supérieur de Théologie des Arts), vit et travaille à Rezé (Nantes) Site : www.pansements.eu. Le travail du tissu, et peut-être davantage la couture et les sutures, constituent une signature : Fabien Meisnerowski peut même coudre les pelures d’orange ou le bois… lorsqu’ils sont blessés.

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