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16 septembre 2012 7 16 /09 /septembre /2012 18:26

« cjskx » Ne cherchez pas à prononcer. C’est le titre de la dernière exposition de Nicolas Guiet chez Jean Fournier. Et les œuvres s’y intitulent : efjgoe, gipqwm ou encore guuisoq. Des suites de lettres, peut-être pas autant dues au hasard que l’artiste veut bien le dire : « Les titres résultent de frappes incohérentes, aléatoires sur un clavier et, nomment simplement les pièces sans en orienter la lecture. » Ces titres s’avèrent en tout cas en parfaite adéquation avec les œuvres en ce sens qu’elles sont abstraites, semblent dénuées de toute signification et se donnent comme une variation ludique sur un principe de base.gipqwm--acryl.t--chassis-en-bois--120-5x233x239.jpg

On se dit que ça va lui passer. Eh bien non, ça ne lui passe pas.

Depuis une dizaine d’années, imperturbablement Nicolas Guiet continue de tendre dans les coins et les recoins des lieux qu’il investit, du sol au plafond des toiles colorées plus ou moins vives, surtout pas dramatiques, vous voyez, entre barbe à papa, bleu Schtroumpf ou peau de banane. Et ce qui m’étonne c’est que ça m’intéresse. Je voudrais bien comprendre un peu pourquoi.

Il y a d’abord les coins. Ces ruptures de plan, concaves ou convexes, que Nicolas Guiet remet à l’honneur en leur offrant des protubérances ludiques et colorées. Les œuvres ne profitent pas du volume de l’architecture elles en soulignent les arêtes. Elles en interprètent les relations. Le white cube de la galerie ne sert pas les œuvres ce sont les œuvres qui viennent « titiller » la blancheur et les parois orthogonales du white cube. Elles animent. Est-ce qu’elles donnent une âme pour autant ? Elles m’invitent au moins à habiter autrement l’architecture, sans asservissement ni crainte de m’en jouer.

llhvc--acryl.t--chassis-en-bois-acryl.t--chassis-en-bois-.jpgIl y a ensuite, toujours appuyés sur des coins, ces châssis qu’on devine complexes au point de les imaginer comme des sculptures cachées par la toile tendue dessus. C’est du Christo de poche, sans les plis ! Et la toile elle-même dont la tension crée des formes inattendues, courbes elliptiques ou paraboliques dans les cas les plus simples. En induisant la forme originale de l’œuvre, le châssis caché prend une importance comparable à celle de la toile superficielle. J’aime cette singulière manière d’offrir la sempiternelle tension entre le caché et le montré en art.

Quand on entre dans la galerie, on passe entre deux toiles tendues qui gardent une affinité avec le tableau. Efjgoe pourrait même passer pour un monochrome sur un support au design du siècle dernier. Une surface jaune se distingue encore de son pourtour vert menthe dans gipqwm. Mais toute référence au format tableau s’évanouit  dans les œuvres suivantes qui s’apparentent désormais à la sculpture, voire à l’installation si on tente de recevoir les œuvres en un réseau, un environnement.

Ah oui, j’allais oublier. Il y a un plaisir tout simple à se laisser prendre et surprendre par les formes colorées de Nicolas Guiet. Comme une récréation.

La galerie Jean Fournier, 22, rue du Bac 75007 Paris présente « cjskx » de Nicolas GUIET jusqu’au 6 octobre 2012. Tél : 01 42 97 44 00. www.galerie-jeanfournier.com

 Images : * gipqwm, 2012, acrylique sur toile, châssis en bois, 120,5x233x239.

** llhvc, 2012, acrylique sur toile, châssis en bois, 98x47x29

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