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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 20:09

Mais non, il n’y en a pas que pour les étudiants des Beaux-arts. Tenez, la preuve, je viens de découvrir le travail de Bruno Albizzati fraîchement diplômé de l’ENSAD (Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs) C’est à la galerie du CROUS. Rue des Beaux-arts… On ne se refait pas !

Cette galerie accueille pour quinze jours des étudiants et jeunes diplômés dans un beau volume sur deux niveaux. Toutes les candidatures sont soumises à l'appréciation d'un jury, composé d'enseignants, de galeristes et de critiques d'art. Mais qu’y a-t-il donc de remarquable en ce moment, et jusqu’au 3 novembre ? Il y a le papier, le graphite, la lumière, une sensibilité à fleur de geste, la dissolution et l’apparition des formes, un livre d’artiste plein de délicatesse intitulé « Oraison d’inquiétude » et une petite installation très belle de trois pièces mêlées avec du néon blanc. Tout ça signé Bruno Albizzati.

Que du papier, dans sa simplicité, dans sa crudité de matière aussi noble que triviale, avec ses cicatrices, quelques petites déchirures et une ou deux traces d’un usage précédent. Support des caresses du graphite, de feutres et d’huile. Parfois le verre protecteur d’une telle fragilité encombre de reflets la matité grave des gris et des noirs profonds qui fascinent. Et qui laissent éclater par éclat des éblouissements espérés. Quelques traits colorés, mais si peu de lignes ! Les formes apparaissent, s’évanouissent, affleurent… Au plus près de la sensation. Vous savez bien que le monde se manifeste à nous par une variation continue de l’intensité lumineuse sur la rétine. Il s’y constitue de taches de couleur juxtaposées. C’est la perception qui dessine. C’est le cerveau qui installe des contours nets et nomme ce qu’il a ainsi défini. Ici, Bruno Albizzati nous attend au seuil de la sensibilité que son geste livre, impudique et généreux. Un dessin peu défini ouvre peut-être à l’infini ?

Ah, oui, de quoi ça parle ? Oh, vous savez, ces dessins ne sont guère bavards. Et c’est tant mieux. Ils évoquent, un détail de chef d’œuvre, un visage, quelque bâtiment, un corps… et la lumière. Oui, c’est ça, surtout la lumière.

Je me suis laissé prendre par le jeu subtil de ces Dérives. Avec le sentiment de découvrir le monde à travers mes larmes, mais déjà ébloui par ce jour bénit qui sait ensoleiller les inquiétudes du présent. A qui il est donné d’y croire.

Bruno Albizzati, Dérives, Galerie du Crous de Paris, 11 rue des Beaux-Arts 75006 Paris, 11h - 19h (sauf le dimanche) jusqu’au 3 novembre 2012.

Image : Over-blog ne permet pas en ce moment de publier des images. Pour un aperçu du travail de Bruno Albizzati rendez-vous sur : link

 

Cf. Jacques NINIO, L’empreinte des sens, perception, mémoire, langage, coll. Points, Editions Odile Jacob, Paris, 1991, p.119

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